Expérience littéraire, roman étrange et complètement décalé par sa forme, c’est un ouvrage d’une très grande violence qui justifie totalement l’encart présent sur la quatrième de couverture : Strictement réservé à un public averti. Âmes sensibles, passez votre chemin.

Résumé :

«Mon nom ne te dira rien. Ni mon nom ni mon âge. Ni aucune description physique. Je pourrais être n’importe qui. Ton voisin, ton mari, ta femme. Ton amant. Toi. Je pourrais être toi. Je suis fondu dans la masse, anonyme. Je suis comme tout le monde, donc je ne suis personne. Donc, tu me connais. Je suis comme tout le monde. Je tue des enfants. Mais au fond de toi, tu le sais. Ne t’offusque pas. Ne sois pas choqué. Ne sois pas ridicule. Arrête d’être choqué par tout et n’importe quoi. Tu sais que tu reprendras ta vie après. Quelle que soit l’intensité du choc. Alors, arrête de jouer un rôle. Ne fais pas celui qui ne sait pas. Au fond de toi, tu sais. Tu ne lis pas ceci par hasard. Je suis heureux de te rencontrer. Je pourrais être toi, et tu le sais. Viens prendre ta leçon. Viens avec moi. Bienvenue à toi.»

Pas de nom, pas de visage, puisqu’il pourrait être n’importe qui. Cette description sans image est perturbante, déstabilisante, car elle pousse le lecteur à s’e reconnaître dans certains aspects d’identifier au personnage principal.

Le chaos qui règne dans sa tête renvoie au désordre et à la sauvagerie sociale, à un monde où anonymat, mimétisme et nombrilisme sont des valeurs dominantes. Désemparé face à cette réalité, le personnage se positionne en Sauveur et dévore des foetus (après les avoir cuisinés) pour leur éviter de vivre une illusion de vie.

« Tout le monde chez soi, seul, dans des mégalopoles bondées, surchargées où personne ne se connaît et où tout le monde travaille pour des gens qui ne sont plus là et profitent des coins les plus merveilleux de la planète. Des coins qui n’existent plus pour nous. »

La plume de David Coulon, bien particulière et reconnaissable entre mille ne fait pas dans la dentelle. Pas d’enluminures, c’est trash, saccadé, oppressant, ce qui confère au récit un caractère unique et inoubliable, que l’on adhère, ou pas.

Comment vivre dans ce monde ? L’amour est-il la solution à toutes les souffrances ? Et si le monde idéal était à l’image de celui de la tribu des Sentinelles, coupé de tout et hostile à tout contact avec la civilisation ?

Bien plus qu’un roman, ce récit dresse le portrait du monde dans lequel nous vivons. C’est violent, extrêmement sanglant, effroyable, mais surtout réaliste. 

Une lecture à deux niveaux qui pousse à réfléchir et à ouvrir les yeux sur notre société. Il ne faut pas s’arrêter aux termes employés. Ils provoquent des images heurtantes qui griffent la rétine certes, mais scandaliser pour marquer les esprits n’est-il pas un moyen efficace de faire passer un message ?

J’ai beaucoup aimé, mais il va sans dire que cette lecture ne peut pas être au goût de tout monde.

Sentinelle
  • Coulon, David (Author)

Dernière mise à jour le 2024-12-03 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires

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