J’ai découvert l’auteur à la sortie de son premier roman Les chiens de Détroit, et je n’ai jamais été déçue. Au taquet à chacune de ses parutions, je vous laisse imaginer à quel point je me suis empressée de lire ce petit dernier.
Damien revient sur le lieu de son enfance pour les funérailles de son père qui vient de se suicider 24 ans jour pour jour après avoir commis un crime. Il déteste ce père démissionnaire devenu meurtrier, à tel point qu’il éprouve du soulagement à cracher sur son cercueil. Heureusement que sa mère l’a éloigné de cette ville maudite, de ce port de pêche en faillite, lui offrant ainsi le meilleur avenir possible.
Il se promet de rester seulement quelques jours, histoire de régler la succession, mais c’était sans compter sur ses retrouvailles avec Oriane, son amour de jeunesse, ni sur la découverte d’une photo dans la poche du manteau de son père. Alors, ses certitudes vacillent, peu à peu remplacées par le doute et le questionnement. Damien emporte avec lui le lecteur sans ses souvenirs, en 1995, sur les traces d‘un passé enfoui, d’une réalité dissimulée.
En ouvrant ce livre, je savais que l’auteur me baladerait avec facilité. Alors j’ai fait attention aux moindres détails, aux débuts de pistes et j’ai élaboré des issues potentielles.
Pour mon plus grand bonheur, je suis tombée à coté. Pourtant, une fois la lecture achevée, j’ai remonté le fil, les indices. Tout était là, bien visible et invisible à la fois. J’aime cette faculté qu’a Jérôme Loubry à m’embobiner et à me retourner le cerveau, c’est un manipulateur hors pair !
Outre le fait de surprendre son lecteur avec une construction et un dénouement inattendus, Le chant du silence est un roman d’ambiance comme je les aime.
On entendrait presque le murmure de la mer, le clapotis des vagues, le chant hypnotique des sirènes au milieu du silence de ce port en déroute, on sentirait même les embruns sur notre visage de lecteur.
Le monde de la mer est un milieu hostile. Les marins sont taiseux, rudes, dévoués à leur bateau presque plus qu’à leur famille.
Le port de pêche où situe l’intrigue est sur le déclin. Des nappes de pétrole ont envahi la baie et empêchent les embarcations de sortir en mer, les marins de pêcher, les habitants de vivre.
En tournant les pages en quête de vérité, le lecteur à le sentiment d’être englué dans le pétrole. Ce parallèle subtil donne l’impression de se débattre avec des non-dits, des mensonges, un silence provoqué par des rancoeurs et de la honte. C’est une sensation collante, persistante, étouffante.
À mesure que le port retrouve son aspect, les masques tombent.
Malheureusement, il est parfois trop tard, le mal est fait.
À l’image de ce port qui meurt à petit feu, c’est l’histoire de Damien et de son père qui résonnent dans un enfermement silencieux.
Un sujet rarement évoqué, et pourtant il y aurait tant à dire sur les relations père/fils.
- Loubry, Jérôme (Author)
📚 Résumé :
IL Y A CE QU’ON VOUS A RACONTÉ, CE QUE VOUS AVEZ COMPRIS,CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS CRU…
ET PUIS IL Y A LA VÉRITÉ.
Lundi dernier, le père de Damien s’est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche.
Damien se met donc en route pour régler les funérailles, tentant en vain d’éprouver de la tristesse. Durant l’été 1995, ce père qu’il aurait voulu aimer est devenu un meurtrier, les contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France car la ville entière maudissait leur nom. Damien n’est jamais revenu. La seule lumière dans ce pèlerinage douloureux est qu’il va revoir Oriane, son amour d’enfance.
Mais arrivé dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, Damien découvre dans la parka de son père une photo qui remet tout en question… Et si la vérité sur l’été 1995 était tout autre ?
Dernière mise à jour le 2024-11-20 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires