Avec Ellory, il n’y a jamais de transition douce ou progressive : on plonge tête la première, et on y reste.
Je suis décidément fan de son écriture, de sa manière unique de camper les décors, de modeler ses personnages avec tant de finesse et d’humanité, de nous livrer leur psyché avec une telle justesse que l’on croit presque les connaître.
Dans Everglades, l’auteur nous embarque en 1976, en Floride. Garrett Nelson, shérif adjoint, est grièvement blessé lors d’une interpellation qui tourne mal. Inapte à poursuivre son métier, il se retrouve à travailler comme gardien dans un pénitencier perdu au cœur des marécages. Un monde à mille lieues de ce qu’il connaît. Et de ce que j’attendais.
Car oui, je l’avoue, j’ai été un peu surprise – voire frustrée – par la tournure que prend l’intrigue. Je m’attendais à une enquête à la trame policière… mais Ellory nous livre ici autre chose. Quelque chose de plus sombre, plus profond. Ce n’est pas un polar. C’est un roman noir, un vrai, qui interroge la culpabilité, l’éthique, la peine de mort, et surtout, la nécessité vitale de ne pas se laisser engloutir par la noirceur humaine.
Dans cet environnement oppressant – entre les murs d’un pénitencier aussi inhospitalier que la nature qui l’entoure – Garrett va peu à peu être transformé. Le récit épouse ses doutes, ses blessures, ses prises de conscience. Ce n’est pas l’histoire d’un homme qui enquête, c’est celle d’un homme qui évolue. Qui vacille, même. Et c’est là que le talent de l’auteur me bluffe une fois de plus : il ne donne pas de leçons, il observe, il questionne, il nous met face à des dilemmes moraux qu’on préférerait souvent ignorer.
L’univers carcéral est dépeint avec une minutie glaçante : ses codes, ses tensions permanentes, ses hiérarchies visibles et invisibles, la violence sourde qui couve sous chaque geste, chaque regard. Et au milieu de tout ça, quelques étincelles d’humanité. Un jeune détenu, condamné à mort, dont la douceur contraste violemment avec le reste. Et soudain, la question : et s’il était innocent ?…
Everglades est un roman dur, intense, dérangeant parfois, mais profondément humain.
Un roman qui ne laisse pas insensible.
Un roman marquant.
Un Ellory, tout simplement.
Il m’a rappelé, par certains aspects, La Ligne Verte. Ce n’est pas exactement la même émotion, mais on y retrouve cette réflexion sur la justice, la peine capitale, et surtout la conscience – ce que l’on fait avec elle, ou contre elle.
Je referme ce roman avec une certitude : décidément, R.J. Ellory est un auteur qui ne me déçoit jamais.
À lire absolument si vous aimez les romans noirs psychologiques, les ambiances poisseuses, les récits où la frontière entre bien et mal s’efface peu à peu.
Et si vous ne connaissez pas encore Ellory, foncez.
- Ellory, R.J. (Author)
Résumé :
Août 1976.
Nelson Garrett est shérif en Floride. Lors d’une arrestation qui tourne mal, il est grièvement blessé. C’en est fini pour lui du service actif. Suivant les conseils de son infirmière, Hannah Montgomery, il rejoint le père et le frère de celle-ci, en tant que gardien au pénitencier d’État. Édifiée sur les lieux d’une ancienne mission espagnole située au beau milieu des Everglades, la prison est censée être d’une sécurité absolue.
Et pourtant…entre un étrange suicide et une curieuse évasion, l’instinct d’enquêteur de Garrett reprend vite le dessus. Dans ce milieu clos, au sein d’une nature hostile, il va bientôt se rendre compte que les murs renferment des secrets aussi dangereux que bien gardés.
Dernière mise à jour le 2025-06-02 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires