Et ensuite, le silence de Rose Mallai

J’ai dévoré et adoré ce roman, frôlant le coup de cœur.

« Et ensuite, le silence » offre un portrait glaçant d’une famille en apparence ordinaire, mais dont la réalité est bien plus sombre. Le livre explore les profondeurs de la dépression post-partum et la culpabilité maternelle à travers l’histoire de Charlotte, Martin et leurs deux enfants.

Charlotte et Martin semblent former un couple classique avec leurs deux enfants, mais sous cette façade se cache une réalité troublante. Charlotte est une épouse malheureuse, trompée, et une mère qui se sent esclave de sa maternité. Elle est déchirée entre son désir de liberté et la culpabilité de ne pas aimer ses enfants autant qu’elle le devrait. Martin, quant à lui, est un homme possessif, centré sur lui-même, aveugle à la détresse de sa femme. Lorsqu’il la quitte, il devient un père démissionnaire, laissant Charlotte s’enfoncer encore plus dans son désarroi, seule avec ses enfants et des problèmes financiers. Martin n’est là que pour lui pourrir encore plus la vie.

Charlotte est dépeinte comme une femme brisée, dévalorisée par un mari manipulateur qui a détruit sa confiance en elle. Bien que Martin l’accompagne dans une démarche psychologique, il maintient un contrôle oppressant sur elle, ne remettant jamais en question ses propres actions. Charlotte perd son éclat et sa capacité à exister indépendamment.

« Il avait construit au fil des année une jolie cage dorée pour son oiseau rare. Il avait juste oublié un détail : lorsqu’on les enferme, les oiseaux ne chantent plus. »

Rose Mallai met en lumière la culpabilité des mères face à la dépression post-partum, brisant les idées reçues sur l’amour maternel immédiat et inconditionnel. Le récit souligne la difficulté de rester femme en devenant mère et l’importance de mettre des limites. L’auteure aborde avec une rare honnêteté le rejet que Charlotte ressent envers son fils capricieux et coléreux, un enfant qu’elle a du mal à aimer comme elle le devrait, et dont elle se sent coupable de détester.

Le roman maintient une tension constante et un suspense captivant. Dès le début, on sait qu’un événement grave s’est produit, mais le mystère demeure jusqu’à la fin. Jusqu’où Charlotte est-elle allée dans l’irréparable ? Jusqu’où son désarroi l’a-t-il poussée pour obtenir le silence ?

Charlotte se confie sous forme de lettres qu’elle adresse à sa psychologue Anne, mais qu’elle conserve pour elle. Ses lettres servent à exprimer toutes les émotions négatives qui l’oppressent. Cette approche rend le récit d’autant plus intime et poignant.

La lecture de ce livre est une véritable montagne russe émotionnelle. L’ambivalence des sentiments de Charlotte, tiraillée entre son désir de voir Martin revenir et sa haine envers lui, est palpable. La culpabilité écrasante qu’elle ressent est décrite avec une intensité qui serre la gorge.

« Et ensuite, le silence » est une exploration sombre et fascinante de la psyché maternelle et des relations conjugales, un maelström d’émotions, une lecture qui touche profondément et qui ne laisse pas indifférent. Rose Mallai a su capturer avec brio la complexité des sentiments maternels et conjugaux, offrant un récit poignant et dérangeant.